Victor Marie, 1851 - L'idiot du village
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En résumé
- Année: 1851
- Commune: La Chapelle-Engerbold
- Département: Calvados
- Arme: Poison (vert-de-gris)
- Sexe: Homme
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Nous sommes le 3 août 1851 à La Chapelle-Engerbold, village du Calvados de 400 habitants environ. Le maire se rend chez les époux Marie, mariés depuis un peu plus d'un an, afin de tirer une affaire au clair: Delphine Marie se prétend menacée par les pulsions meurtrières de son époux Victor. Et elle le crie sur tous les toits.
Disons les choses franchement, Victor Marie, ouvrier agricole de 38 ans, est un peu l'idiot du village. Mais il travaille dur, ne fait pas d'histoires et a même réussi à économiser assez pour s'offrir une petite chaumière avec un jardin. Bref, ce n'est pas un mauvais bougre. Delphine Marie est donc probablement en proie à des bouffées délirantes, mais dans le doute, mieux vaut vérifier.
Monsieur le maire est ainsi ravi, en ce dimanche matin estival, d'aller subir l'hystérie d'une administrée au lieu d'aller à la pêche ou faire la grasse matinée.
Crime de Victor Marie
Encore à moitié endormie, Delphine Marie ouvre la porte. Apparemment un époux ayant des tendances meurtrières ne lui semble pas être une raison de se mettre à l'abri... Ceci dit, tout comme son époux, madame a la réputation d'être un peu lente. Victor Marie est présent, lui aussi se réveille. Pressé d'en finir, le maire interpelle Delphine Marie au sujet des accusations proférées. Sans hésiter, elle affirme en être à deux tentatives d'empoisonnement.
Le mardi 22 juillet, son mari a ajouté du vert-de-gris dans sa soupe. Mais il n'a pas mélangé le tout, donc le poison, bien coloré, flottait à la surface. Elle l'a tout de même goûtée, et lui trouvant un goût étrange, a préféré la jeter. Il a récidivé le dimanche 27 juillet en commettant la même erreur, elle a donc encore jeté la soupe.
Et ce n'est pas tout. Victor Marie n'a même pas dissimulé le sachet de vert-de-gris, remisé nonchalamment dans l'armoire de la cuisine. Elle était ainsi au courant pour le poison, savait où il se trouvait et n'a pas eu l'idée d'en informer les gendarmes ou au moins de s'en débarrasser. Delphine Marie montre alors le sachet de vert-de-gris au maire, consterné comme il ne l'a jamais été.
Sommé de se justifier, Victor Marie confirme assez rapidement vouloir tuer sa femme. Et il compte bien se tuer aussi. Prié d'en donner au moins la raison, il accuse l'absence d'intimité. Madame se refuse à lui, soi-disant car elle vient à peine d'accoucher, mais il n'est pas dupe, elle a un amant. D'ailleurs, ne l'a-t-il pas épousée avec déjà deux enfants prouvant son immoralité ?
Complètement abasourdi, et bien obligé d'intervenir, le maire livre Victor Marie à la justice.
Procès de Victor Marie
Le procès s'ouvre le 27 novembre 1851.
Chargé d'évaluer les capacités intellectuelles de Victor Marie, un médecin l'a déclaré apte à être jugé. Certes limitée, son intelligence est suffisante pour l'essentiel. Et il ne souffre d'aucune forme d'aliénation.
Victor Marie reconnaît les faits. Il voit ensuite défiler avec indifférence son entourage, ses voisins, souvent stupéfaits, décrivant un homme travailleur dont le seul défaut est d'être taciturne, rien de bien grave. Ses employeurs étaient même très satisfaits de lui.
La lenteur de Victor Marie est un véritable embarras pour la cour, même l'avocat général se dit favorable à des circonstances atténuantes. L'avocat de Victor Marie en profite pour demander la relaxe.
Finalement reconnu coupable des deux tentatives d'empoisonnement, Victor Marie se voit accorder des circonstances atténuantes et est condamné à cinq ans seulement de travaux forcés.
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Source de l'article
- Gazette des tribunaux: édition du 7 décembre 1851
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Publié par Jean-Charles Pouzet sur Caedes le 03-10-2024