Expérience de mort imminente ? 1812

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Nous sommes vers 1812 à Beaufort-en-Vallée, commune de 6000 habitants environ du Maine-et-Loir. Il est bientôt 22h, la plupart des gens dorment à poings fermés, mais dans le cas des Jourdain, plus pour longtemps...

Madame Jourdain est réveillée par des bruits de casseroles dans la cuisine. Apeurée, elle réveille son mari. Les bruits ont toutefois cessé entre-temps, il accuse donc un mauvais rêve et l'engage à se rendormir. Lui se rendort, mais pas elle, certaine de ne pas avoir rêvé.

Peu après, d'autres bruits de casseroles retentissent. Elle réveille encore son mari. Agacé, il ne va toujours pas inspecter la cuisine mais guette désormais le moindre décibel...

Des bruits dans la cuisine

Le vacarme reprend. Cette fois Monsieur Jourdain se lève, allume une bougie et se rend dans la cuisine où il a sûrement mal fermé la porte donnant sur la cour, et le chien de garde posté à l'extérieur en aura profité pour s'introduire. Mais une fois dans la cuisine, il ne constate aucun désordre et la porte est bien fermée. De fait, il a dû imaginer les bruits. Dans le doute, il sort et appelle le chien. L'animal ne vient pas. Il insiste, le chien finit par se montrer, mais prudemment, comme s'il avait peur. Un peu ébranlé tout de même, Monsieur Jourdain retourne se coucher.

À peine recouché, de nouveaux bruits mystérieux résonnent partout et nulle part à la fois. Il inspecte alors la maison de la cave au grenier, sans résultat. Dépassé, il court chercher les domestiques dans leur dépendance, mais la présence de renfort ne permet aucun progrès.

Le bruit se stabilise finalement dans la salle à manger et sa nature se précise, il semble s'agir d'un éboulement de grosses pierres, peut-être d'une dizaine de kilos. Un éboulement invisible et sans dégât. Après une pause, l'éboulement fait place à des cognements métalliques.

Réveillés par ce concert, plusieurs voisins accourent. Rassurés de voir les Jourdain sains et saufs, ils essaient à leur tour d'élucider l'affaire. Peut-être des rats ? Mais comment pourraient-ils produire un tel vacarme ? Vers trois heures du matin, de guerre lasse, chacun retourne chez soi. Vers quatre heures, le silence regagne ses droits. Éreintés, les Jourdain peuvent enfin dormir. Mais le repos sera de courte durée.

Au levé du jour, un messager vient annoncer à Monsieur Jourdain le décès d'un proche parent, durant la nuit, aux alentours de 22h.

Madame Jourdain relève la coïncidence troublante et émet une théorie: gravement malade, le défunt souhaitait avec insistance confier à son mari la tutelle de ses enfants, mais il a toujours refusé ; l'agitation de cette nuit était ainsi, peut-être, la manifestation de son âme en peine. Son mari n'y croit pas, il n'a jamais cru à ces choses là, mais elle lui fait promettre d'accepter la tutelle en cas de récidive.

Persuadé pour sa part d'avoir été la cible d'un mauvais coup, il s'en va recruter deux hommes de main pour cette nuit, bien décidé à en découdre si son fomenteur se manifeste à nouveau.

Vers minuit, la maisonnée est réveillée par un vacarme effrayant, les hommes de main refusent même de s'en mêler, monsieur Jourdain inspecte donc la maison avec ses domestiques, sans trouver personne. Impuissant, il regagne sa chambre au milieu des bruits, et comme promis, s'engage devant sa femme à adopter les enfants du défunt. La maison devient alors silencieuse, comme par enchantement. Et le restera.

Après l'expérience de mort imminente

Monsieur Jourdain refusera toujours d'envisager l'hypothèse d'un phénomène surnaturel, demeurant à vie persuadé d'avoir été la cible d'une mise en scène dont l'auteur restera dans l'ombre. Mais ces deux nuits vont le hanter. Son fils Éloi, âgé de sept ans environ au moment des faits, l'entendra souvent ressasser cette histoire.

Éloi Jourdain deviendra écrivain, jouissant d'ailleurs d'une petite notoriété en son temps, sous le pseudonyme de Charles Sainte-Foi. Plusieurs de ses ouvrages aborderont la démonologie et la possession...

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Sources de l'article

• Les phénomènes de hantise (Ernest Bozzano) - Cas J. pages 59 à 61
• Éloi Jourdain / Charles Sainte-Foi (Éditions Beauchesne)

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_{Publié par Jean-Charles Pouzet sur Caedes le 28-09-2024}