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Le château hanté des Chateaubriand, 1777-1866

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Le château hanté des Chateaubriand

En résumé

Nous sommes en 1777 dans le Château de Combourg, forteresse bretonne du XIIe siècle récemment acquise par les Chateaubriand, famille longtemps désargentée de la noblesse à laquelle la fortune sourit à nouveau.

Fort de succès récents dans les affaires, le chef de famille a investi 300 000 livres dans l'acquisition du domaine, espérant au passage réhabiliter son nom au sein de la noblesse.

La vie au château de Combourg

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Le train de vie des Chateaubriand n'est toutefois pas fastueux. Composé d'une cuisinière, d'une femme de chambre, de deux laquais et d'un cocher, le personnel de Combourg est réduit au strict nécessaire, et pour cause, les Chateaubriand ne reçoivent jamais, sinon de rares voyageurs se voyant accorder l'hospitalité. Et les distractions sont presque inexistantes, la messe dominicale faisant office de sortie hebdomadaire pour Madame et leurs deux enfants cadets, Lucile, treize ans, et François-René, neuf ans ; les aînés ayant quant à eux quitté le nid familial. Pendant ce temps, Monsieur le comte assiste seul à un office privé dans la chapelle de Combourg, sauf une fois l'an, à Pâques.

Cette vie austère et largement recluse est liée à la personnalité du comte de Chateaubriand. Acariâtre et ne tolérant aucune forme d'agitation, simplement parler en sa présence peut suffire à le contrarier, il fait régner chez lui un calme tyrannique, allant jusqu'à savamment attribuer à chacun, famille comme domestiques, des chambres éloignées les unes des autres, une répartition stratégique entre les sommets et les souterrains ne tenant pas compte de l'angoisse ressentie la nuit par son fils, isolé au sommet d'une tourelle. Seule Lucile a bénéficié d'une entorse à la règle l'autorisant à s'établir dans une annexe de la chambre maternelle.

En dehors du chef de famille, toute la maisonnée exècre la vie à Combourg, particulièrement son épouse, Apolline de Chateaubriand, dont le quotidien se résume désormais à attendre Pâques, ayant alors l'habitude de partir seule à Saint Malo pour six semaines de vacances devenues une perspective de délivrance à laquelle elle se raccroche désespérément. Si l'ambiance maussade et oppressante nourrit grassement ce rejet, autre chose en est à l'origine: Combourg est un château hanté...

Un château hanté

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Les fantômes d'un chat noir et d'un homme dont on distingue seulement la jambe de bois hantent le château durant la nuit. Chaque soir, terrorisées à l'idée de traverser le château pour aller dormir, mère et fille demandent au jeune François-René d'ouvrir la voie jusqu'à la chambre puis d'en inspecter scrupuleusement chaque recoin: sous les lits, dans les cheminées et derrière les portes, sans oublier les escaliers, passages et corridors voisins. Seulement après a-t-il le droit d'aller se coucher, devant rejoindre seul le haut de sa tourelle à l'autre extrémité du château. Effrayé les premiers soirs, il apprendra à se maîtriser, bien obligé de s'aguerrir. Apolline de Chateaubriand essaie parfois d'en parler à son mari mais se heurte à un mur, il ne croit pas à ses histoires de fantômes, aussi convaincue soit-elle, et n'est pas d'une nature accommodante, même avec son épouse, il est donc hors de question de plier bagage.

Lorsque le comte décède en 1786, neuf longues années plus tard, Apolline de Chateaubriand se met en quête d'une nouvelle résidence. Lucile ne se remettra jamais de cette adolescence, demeurant à vie neurasthénique et décédant mystérieusement en 1804 à quarante ans... probablement en se donnant la mort.

Le château restera la propriété des Chateaubriand mais sera laissé à l'abandon des décennies durant.

Le chat du château de Combourg

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En 1866, Geoffroy de Chateaubriand souhaite réhabiliter Combourg comme son arrière-grand-père * a réhabilité jadis la famille. Après un saccage à la Révolution et quatre-vingt ans d'abandon, il doit d'abord être remis en état. Durant les travaux, le cadavre d'un chat est découvert dans les murs d'une tour. Plusieurs siècles auparavant, conformément à un vieux rituel païen, il fut emmuré vivant lors de la construction du château afin d'y conjurer le mauvais sort. Par ailleurs, Malo-Auguste de Coëtquen, seigneur de Combourg jusqu'à son décès en 1727, s'est notamment distingué durant la bataille de Malplaquet en 1709, au cours de laquelle il a perdu une jambe...

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Nota bene

* Erratum: Le comte de Chateaubriand était le grand-père et non l'arrière-grand-père de Geoffroy de Chateaubriand.

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Publié par Jean-Charles Pouzet sur Caedes le 11-07-2024

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