L'abbé Saunière, Genèse du Da Vinci Code, 1885-1917
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Nous sommes le 1er juin 1885 à Rennes-le-Château, village de 250 habitants de l'Aude accueillant son nouveau curé, Bérenger Saunière, 33 ans.
Rennes-le-Château est un village très pauvre dont la population diminue sans cesse et dont l'église et le presbytère, faute de moyens, sont délabrés. Le maire a sollicité l'aide de l'État pour rénover les bâtiments, mais n'a jamais eu de réponse. L'abbé Saunière n'ayant ainsi même pas d'endroit où dormir, une paroissienne assure son hébergement.
Pour Bérenger Saunière, royaliste convaincu, cette décadence est un énième exemple du désastre républicain. Et comme les élections législatives auront lieu en octobre, il se lance dans des diatribes antirépublicaines auprès de ses nouvelles ouailles, appelées à voter pour le camp monarchiste, réveillant alors le républicanisme du maire.
Le maire de Rennes-le-Château finit par dénoncer les prêches royalistes de l'abbé Saunière au ministre des cultes. L'abbé en récolte une suspension de six mois de son indemnité de prêtre en décembre 1885. Mais un protecteur va le sauver de la misère...
La fortune de l'abbé Saunière
Alfred Saunière et le Cercle Catholique de Narbonne
Monseigneur Billard, évêque de Carcassonne, vole à sa rescousse en le nommant professeur, rémunéré, au petit séminaire de Narbonne. Vraisemblablement un emploi fictif comme on dit de nos jours. Ce surgissement de Monseigneur Billard en protecteur zélé d'un curé de campagne sanctionné sévèrement mais à juste titre est pour le moins inattendu. Il semble avoir une idée derrière la tête...
À Narbonne se trouve le très royaliste "Cercle Catholique de Narbonne" dont l'aumônier est le frère cadet de Bérenger Saunière, Alfred Saunière. Le Cercle Catholique de Narbonne s'inscrit dans une nébuleuse royaliste puissante, toujours à l'affût d'une base arrière à l'abri des regards indiscrets pour faire transiter des fonds ou des documents entre ses différents réseaux ; par exemple, la paroisse isolé d'un curé récemment adoubé par la presse royaliste suite à ses déboires, frère d'un membre éminent et apparemment choisi par Monseigneur Billard lui-même. Et si jamais ce curé a besoin d'aide pour rénover son église ou d'autres projets, il n'aura pas à faire à des ingrats.
Vraisemblablement coopté par la mouvance royaliste, Bérenger Saunière goûte alors à l'argent. Et il ne va pas y goûter de manière discrète...
Dès les semaines suivantes, il fait jaser à Rennes-le-Château en embauchant une jolie gouvernante de 18 ans, Marie Dénarnaud. L'origine de l'argent payant ses gages est un mystère et la relation entre les deux se fait rapidement ambiguë. D'ailleurs, son sacerdoce lui interdit normalement d'employer une gouvernante de moins de 40 ans justement pour éviter toute tentation.
L'abbé Saunière se lance aussi dans la rénovation de l'église et du presbytère. Si les villageois s'en réjouissent, là aussi, l'origine des fonds interroge. Certes le maçon travaille bénévolement sur son temps libre, les paroissiens ont fait des dons, mais ces dons couvrent une partie seulement des matériaux, le reste est pris en charge par l'abbé Saunière. En plus, il enrichit régulièrement le cahier des charges. Autel, vitraux, chaire, sol... une toute nouvelle église voit peu à peu le jour. Si l'autel est financé par une certaine Marie Cavailhé, tout le reste est encore pris en charge par l'abbé.
Interrogé, Bérenger Saunière parle de donateurs lointains. Il n'en dira pas davantage et même le maire s'en contentera, ne voulant pas mettre en péril la rénovation de l'église.
Un trésor caché dans l'église ?
À partir des années 1890, les finances de l'abbé Saunière animent de plus en plus les conversations. Et si les travaux lui avaient permis de découvrir un trésor caché dans l'église ?
Durant la révolution, l'argent de la paroisse a pu y être dissimulé par l'abbé d'alors, Antoine Bigou, prêtre réfractaire obligé de s'exiler en Espagne où il mourut en 1794 ; mais une telle découverte aurait forcément été modeste. En revanche, le vieux tombeau des seigneurs de Rennes-le-Château dont tout le monde avait oublié l'existence a été redécouvert sous une dalle et celui-ci contenait très probablement, non pas un trésor à proprement parler, mais des objets de valeur, dont la revente en douce a pu rapporter à l'abbé Saunière un joli pécule. En lui donnant au passage une idée...
Pillages de tombes
À partir de 1892, des dégradations sont régulièrement constatées dans le cimetière de Rennes-le-Château, dont Bérenger Saunière est l'auteur sans l'ombre d'un doute, ayant développé une obsession pour ce cimetière où il est parfois surpris retournant la terre ou effaçant des épitaphes. Il semble s'intéresser tout particulièrement aux sépultures de l'aristocratie.
À l'évidence, il se livre à des pillages de tombes la nuit venue et profite de la lumière du jour pour effacer le plus possible les traces de ses pillages. Il se met par ailleurs à multiplier les séjours en-dehors du village, manifestement pour le recel du butin, partant toujours avec une besace pleine, étrangement vide à son retour.
Le maire de Rennes-le-Château alerte le préfet en 1895 mais rien n'est fait. Ceci dit, les dégradations cessent alors comme par enchantement.
Trafic de messes
Bérenger Saunière met alors en place une truanderie appelée à devenir colossale: un trafic de messes.
Au temps très pieux de l'abbé Saunière, faire dire une messe est courant pour toutes sortes de raisons, comme demander la guérison d'une personne malade ou remercier Dieu suite à un événement heureux. Pour faire dire ces messes, les croyants peuvent compter sur des agences religieuses, revues pieuses et autres associations de fidèles, où des prêtres s'inscrivent pour offrir leurs services. L'abbé Saunière les écume laborieusement, s'inscrivant partout en France, et même à l'étranger.
Dès 1896, les demandes de messe affluent, une nouvelle pile arrive tous les jours au presbytère, en moyenne autour de 20, à raison de 1 à 5 francs par messe. Et comme rien ne se perd, il récupère même les timbres. Venant de tout le pays et au-delà, beaucoup ont de la valeur auprès des philatélistes, même oblitérés, il peuvent donc être revendus.
Comme il ne dit pas les messes, il s'agit d'un cas de "Simonie". Dans le langage courant, un trafic de messes.
Ce trafic de messes rapportant plusieurs dizaines de francs par jour, certains jours une centaine, en plus de l'argent des royalistes, de son magot issu des pillages de tombes, et accessoirement les timbres, l'abbé Saunière commence à avoir des idées de grandeur et les moyens de les concrétiser.
Mais une chose à la fois. Bérenger Saunière inaugure la nouvelle église en 1897, et pour l'occasion, Rennes-le-Château est honoré de la présence de Monseigneur Billard. Cette église toute neuve et richement décorée dans ce village très pauvre lui semble parfaitement normal et il ne sourcille même pas devant certains aménagements pourtant ô combien inappropriés, notamment la statue du démon Asmodée soutenant un bénitier en forme de coquille Saint-Jacques, dont la signification est encore à ce jour un mystère. Le repas suivant l'inauguration, où les meilleurs vins accompagnent les meilleurs mets, ne semble pas non plus l'étonner.
Villa Béthanie et Tour Magdala
L'abbé Saunière passe ensuite à l'étape suivante: se faire construire une villa. Et il ne va pas faire les choses à moitié. Il achète six terrains devant former un immense domaine et recrute en 1901 tout un bataillon d'ouvriers espagnols s'affairant à ériger la "Villa Béthanie".
Cette fois, c'en est trop, son diocèse le presse de justifier son train de vie. Bérenger Saunière refait le coup des donateurs extra-muros, dont il ne peut donner les noms, étant anonymes. Et cette explication vaseuse suffit, il s'en sort miraculeusement avec de simples remontrances. Une fois de plus, Monseigneur Billard vole clairement à sa rescousse. Mais ce sera la dernière fois. Très diminué, il décède peu après, en décembre 1901.
Pendant ce temps, le chantier de la Villa Béthanie va bon train et s'achève en 1905.
Cette résidence de 300 mètres carrés en impose à Rennes-le-Château. Au rez-de-chaussée: grand vestibule, salle de réception, salle à manger, bureau et cuisine entièrement aménagée. À l'étage: plusieurs chambres à coucher, salon privé et bibliothèque. Tous les atours de la maison bourgeoise sont présents: mobilier luxueux, tapisseries, argenterie, vaisselle en porcelaine et objets d'art ; il ne cessera d'ailleurs par la suite d'investir dans de nouvelles toiles et statues, également dans des livres anciens valant pour certains une fortune. L'extérieur n'est pas en reste, le domaine avoisinant les 3000 mètres carrés luxueusement aménagés: jardin paysager, fontaines, orangerie et allées, et même une dépendance extravagante, une tour néo-médiévale de 10 mètres de haut baptisée la Tour Magdala, en hommage à Marie-Madeleine, la sainte-patronne de Rennes-le-Château. La Tour Magdala est une bibliothèque avec mezzanine dont le sommet est une terrasse offrant une vue sublime sur la vallée de l'Aude et les Corbières.
À peine investie, la Villa Béthanie devient un lieu de rendez-vous de l'aristocratie locale. Des visiteurs du soir prestigieux se présentent en berline, souvent accompagnés d'un aréopage de serviteurs, sous les yeux éberlués des villageois. Une cuisine raffinée leur ait servie, le champagne coule à flot et Marie Dénarnaud pérore en maîtresse de maison.
Ce luxe tapageur est aussi accompagné de philanthropie. Bérenger Saunière soutient financièrement les familles les plus pauvres de Rennes-le-Château et organise de grandes réceptions où tous les villageois sont conviés. Sincère ou pas, cette démarche a au moins le mérite d'améliorer la vie des villageois. Tout en aggravant son cas...
La fin de règne de l'Abbé Saunière
Monseigneur Beuvain de Beauséjour, successeur de Monseigneur Billard, s'est empressé de déterrer le dossier de l'abbé Saunière en prenant ses fonctions. Depuis lors, il s'acharne à le faire tomber. Bérenger Saunière parvient à le tenir à distance durant près d'une décennie. Mais en 1910, l'évêque a finalement gain de cause. Sans doute à force d'excès, Bérenger Saunière semble avoir perdu ses derniers soutiens des cercles royalistes, dont l'influence se fait de toute façon déclinante.
Après un audit révélant la falsification des comptes de la paroisse, Monseigneur Beuvain de Beauséjour le suspend a divinis. Il n'a plus le droit de célébrer la messe ni aucun sacrement, il n'est donc plus vraiment prêtre, et doit s'amender pour être réhabilité. Il perd sa paroisse et avec elle son trafic de messes. Durant près de 15 ans, il aurait encaissé l'argent d'environ 100 000 messes.
Bérenger Saunière n'a désormais plus aucun revenu et doit tenir sur ses réserves, dès lors, son train de vie se fait nettement plus modeste. Il conteste avec vigueur sa suspension et obtiendra de Rome sa levée en 1913, mais Monseigneur Beuvain de Beauséjour ne lui laissera pas le temps de relancer son trafic. Il contestera à son tour et avec la même vigueur cette réhabilitation, et obtiendra de nouveau sa suspension en avril 1915, cette fois pour de bon.
Il continuera de faire un peu parler de lui en célébrant des messes dissidentes dans la chapelle de la villa Béthanie, chapelle saturée de fidèles, au grand dam du nouveau curé de Rennes-le-Château condamné à célébrer des offices devant une poignée d'individus.
Sept ans plus tard, le 22 janvier 1917, il est victime d'un infarctus à la villa Béthanie. Marie Dénarnaud fait venir un prêtre. Encore conscient, Bérenger Saunière se confesse durant son agonie. Horrifié par cette confession, le prêtre lui refuse les derniers sacrements, avant de finalement se raviser. Bérenger Saunière décède le jour même à 64 ans.
Marie Dénarnaud, héritière de Bérenger Saunière
Légataire universelle de l'abbé Saunière, Marie Dénarnaud hérite donc tout, sauf la villa Béthanie. Elle lui appartient déjà, l'abbé l'avait mise à son nom.
Monseigneur Beuvain de Beauséjour passera le reste de sa vie, il décédera en 1930, à tout faire pour la convaincre de vendre la villa Béthanie à l'évêché, se montrant parfois pressant, voire menaçant. Mais elle ne cédera jamais.
Marie Dénarnaud mènera sinon une vie modeste et relativement autonome, se nourrissant grâce aux aménagements de la villa Béthanie: potager, poulailler et verger. De temps à autres, elle vendra des objets pour faire face aux dépenses, notamment fiscales, n'ayant reçu aucun patrimoine financier de l'abbé Saunière, mais une villa regorgeant d'objets de valeur.
En 1942, 25 ans après la mort de Bérenger Saunière, elle conclut un accord avec un homme d'affaire de Perpignan, Noël Corbu, faisant de lui son légataire universel moyennant son soutien financier ; tel un viager mais sur l'ensemble du patrimoine. Une excellente affaire pour Noël Corbu, Marie Dénarnaud ayant déjà un pied dans la tombe à 74 ans. Mais elle vivra encore longtemps, décédant à 85 ans le 29 janvier 1953 des suites d'un AVC survenu 5 jours plus tôt.
Noël Corbu vivait alors depuis 3 ans à la villa Béthanie avec femme et enfants, obligé de réduire son train de vie pour continuer à honorer sa part de l'accord.
Aux origines du mythe de Rennes-le-Château
Le curé milliardaire de Noël Corbu
Enfin propriétaire de la villa Béthanie, Noël Corbu la transforme en hôtel-restaurant baptisé "Hôtel de la tour", établissement à la gloire de l'abbé Saunière inauguré en 1956. L'idée est étrange. Bérenger Saunière n'était pas célèbre de son vivant et désormais seule une poignée d'anciens de Rennes-le-Château se rappellent de lui. Mais il a un plan.
Grâce à un ami journaliste à la Dépêche du Midi, l'inauguration de l'Hôtel de la tour est annoncée en grandes pompes avec une histoire extravagante: l'Hôtel de la tour était autrefois la résidence d'un curé milliardaire devant son inépuisable fortune à la découverte d'un trésor, la caissette royale de Louis VIII, cachée sous l'église de Rennes-le-Château par Blanche de Castille en 1249 pour la protéger en l'absence du roi parti en croisade, trésor valant au bas mot 50 milliards de francs, dont nul ne sait où l'abbé Saunière a caché les milliards restants...
Habilement saupoudrée d'histoire de France et s'appuyant sur le train de vie en effet démesuré de l'abbé Saunière, l'histoire est prise au sérieux. Toute la presse en parle, même la télévision se déplace au début des années 1960. L'abbé Saunière est propulsé post-mortem au rang de vedette et beaucoup se découvrent une vocation de chasseur au trésor dont Rennes-le-Château fait les frais, de plus en plus saccagée par la multiplication des fouilles sauvages. Le maire de Rennes-le-Château doit même prendre un arrêté en 1965 interdisant la chasse au trésor dans sa commune, certainement une première.
Noël Corbu a magistralement réussi son coup. Toute la France parle de l'abbé Saunière, la clientèle afflue et la valeur de son établissement explose ; inspirant au passage un faussaire encore plus ambitieux.
Le Prieuré de Sion de Pierre Plantard
Depuis 1953, un dessinateur savoyard, Pierre Plantard, clame son appartenance au "Prieuré de Sion", soi-disant un ordre ancestral de la chevalerie dont il est le grand maître en raison de son ascendance mérovingienne. Ce doux dingue dont les élucubrations n'intéressent pas grand monde vit comme une révélation la supercherie de Noël Corbu, dont il comprend parfaitement les ressorts, et entreprend de l'imiter pour le Prieuré de Sion en l'arrimant à l'Abbé Saunière.
Pierre Plantard commence par déposer les statuts du Prieuré de Sion à Annemasse dès 1956, puis élabore avec l'aide de l'humoriste et comédien Philippe de Chérisey, par ailleurs écrivain à ses heures perdues, une série de faux documents remplissant les objectifs suivants:
• faire de Pierre Plantard un descendant mérovingien ;
• associer Rennes-le-Château aux mérovingiens ;
• créer un trésor mérovingien dissimulé à Rennes-le-Château ;
• inscrire le Prieuré de Sion dans l'histoire de France.
Il obtient ensuite le dépôt anonyme de ces documents à la bibliothèque nationale.
Dans le même temps, il rédige un livre avec le journaliste Gérard de Sède publié en 1967: "L'Or de Rennes: La vie Insolite de Bérenger Saunière curé de Rennes-le-Château". Cette soi-disant biographie de l'abbé Saunière place l'abbé au coeur d'un mystère de la chrétienté, suggérant entre autre le mariage tenu de secret de Jésus et Marie-Madeleine, en disséminant opportunément des allusions à la dynastie mérovingienne. Le récit repose largement sur des parchemins découverts par l'abbé Saunière dans l'Église de Rennes-le-Château, évidemment des faux conçus par Philippe de Chérisey ; les vrais, perdus de longue date, devaient être des registres paroissiaux sans grand intérêt.
L'ouvrage doit mener à la découverte des faux documents donnant vie au Prieuré de Sion, dont le grand maître est un personnage grandiose. Tel un jeu de piste à la gloire de Pierre Plantard.
Au moment de la sortie du livre, Noël Corbu s'est retiré de toute cette affaire il y a deux ans déjà après avoir revendu à prix d'or la villa Béthanie.
L'Énigme sacrée de Richard Leigh, Henry Lincoln et Michael Baigent
Véritable succès, l'ouvrage commence à internationaliser l'abbé Saunière, suscitant notamment l'intérêt de trois journalistes anglais: Richard Leigh, Henry Lincoln et Michael Baigent. Après une série de reportages sur Rennes-le-Château, ils publient à leur tour un livre en 1982, L'Énigme sacrée, dont le contenu est une immense extrapolation de l'ouvrage de Pierre Plantard. Non seulement Jésus et Marie-Madeleine étaient bien mari et femme, mais en plus, ils ont une descendance. D'abord établis à Rennes-le-Château, les descendants du Christ sont devenus les mérovingiens, lignée constituant le véritable Saint-Graal. L'Énigme Sacrée fait donc de Pierre Plantard, au passage désormais Pierre Plantard de Saint-Clair, mérovingien de son état, un descendant du Christ.
Le grand public adore, l'ouvrage se classe dans les meilleures ventes.
Mais au début des années 1990, coup de massue: Pierre Plantard admet avoir tout inventé. Dès lors, retour à la réalité. L'abbé Saunière était simplement un prêtre véreux devant sa célébrité au coup publicitaire de Noël Corbu ; tout le reste relève de la mythologie.
Seulement, voilà, après la parution entre temps de nouveaux de livres et la production de documentaires et autres téléfilms, le mythe a du mal à s'effondrer, d'aucuns s'évertuant même à le perpétuer par intérêt ou envie d'y croire.
Le Da Vinci Code de Dan Brown
Le meilleur exemple étant sans doute le Da Vinci Code de Dan Brown publié en 2003, écoulé à plusieurs dizaines de millions d'exemplaires et adapté en 2006 au cinéma par Ron Howard.
Censé être un roman, le Da Vinci Code est en réalité une oeuvre ambiguë mélangeant opportunément fiction et pseudo-réalité pour séduire un certain public avide de complots, sans doute aussi pour se protéger en prévision d'un procès, le Da Vinci Code étant un plagiat manifeste de L'Énigme Sacrée.
Ce procès sera intenté et comme prévu les auteurs de L'Énigme Sacrée le perdront, ayant publié un livre d'histoire dont tout roman est libre de s'inspirer, l'histoire n'appartenant à personne. À défaut d'un dédommagement faramineux, ce procès très médiatisé relancera en tout cas les ventes de L'Énigme Sacrée 25 ans après sa publication. Au Royaume-Uni seulement, il passera de 3500 exemplaires vendus par an à 1000 par jour.
La sortie du Da Vinci Code coïncidant avec la généralisation d'internet, le mythe de Rennes-le-Château connaît sur la toile une seconde jeunesse affligeante. Apparaissent alors le fantôme de l'abbé Saunière, une base extraterrestre... tel un concours Lépine de l'idée la plus saugrenue. On en vient à regretter le culot génial de Noël Corbu, la folie douce et élaborée de Pierre Plantard et la surcouche d'extravagance des trois journalistes anglais ; tous des escrocs, mais laborieux et inventifs, assez doués pour transformer l'existence d'un prêtre véreux en mythe international.
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Sources de l'article
- 22 janvier 1917: mort de l'abbé Bérenger Saunière, inventeur supposé du trésor des Templiers (La France pittoresque)
- Découvrez le Domaine de l'Abbé Saunière, son histoire, sa boutique, la tour Magdala (Mairie de Rennes le Château)
- Rennes le Château ou l'histoire d'un grand Secret...
- La mystérieuse fortune de l'abbé Saunière (Mundus Mysterium)
- Alfred Saunière, le Frère de l'Ombre (La Grande Affaire)
- Les folles rumeurs du net (La Dépêche)
- Les ovnis s'invitent à Rennes-le-Château (L'Indépendant)
- Le balustre de Bigou à Saunière (Gazette de Rennes-le-Château)
- Les mystères de l'histoire - Le magot de l'abbé Bérenger Saunière (Le Point)
- Rennes-le-Château - Le Dossier !
- Les mystères de l'histoire - Le magot de l'abbé Bérenger Saunière (Le Point)
- Le juge chargé du procès pour plagiat du «Da Vinci Code» avait de l'humour (Slate)
- Procès Dan Brown: tous gagnants ! (Le Figaro)
- Baigent & Anor v The Random House Group Ltd (The Da Vinci Code) 2006 EWHC 719 (Ch) (07 April 2006) (England and Wales High Court (Chancery Division) Decisions)
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Publié par Jean-Charles Pouzet sur Caedes le 18-07-2025